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Cahiers du Candor

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6 novembre 2013

#0.3

J’ai perdu mes trois cahiers. Tout y était inscrit, tout depuis que les gens ont disparus. Il n’y avait rien d’important à l’intérieur mais les avoir égaré me fends le coeur, car c’est mon identité qui s’est abîmée. Ma mémoire n’arrive plus à retenir quoi que ce soit, et plus elle se dégrade, plus j’ai besoin d’écrire. Je dois en faire d’autres. Je ne vais pas recommencer depuis le début, même en résumant cela ne servirait à rien. Il faudra tout d’abord parler de mon pays. Expliquer ce que j’ai vu, ce que j’en ai déduis et ce que je compte faire.

Il ne me reste plus que ça.

 

 

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2 novembre 2013

Il est mort l'autre,



il ne sent plus rien au bout de ses doigts qui cherchent dans le vide,

Jusqu'à ce qu'on lui fasse craquer ses petits os sous des semelles noires

Il est mort l'autre,

petite chanson qui pétille dans la tête,

cette petite boite à musique détraquée qui saccade,

il a vendu ses chaussures l'autre,

un coup de charleston sur ses contines,

il a oublié ses clefs l'autre,

il ne rentrera pas à la maison,

pas envie d'embrasser le vide avant de dormir,

empetré dans l'hiver,

dans la neige boueuse qui fond sur ses jambes,

il arrache tous ses ongles,

pour retrouver les traces,

les tatouages et les peaux mortes,

Toute l'histoire du monde,

Sous les ongles des décharnés,

de si jolis garçons empactés en rang,

ils n'entendront pas la joie et l'agonie,

Et l'autre là, il pleure l'autre,

pour faire fondre la neige,

retrouver du sel,

le sel sur sa propre viande,

il n'en sera que plus savoureux pour,

les charognards, polisseurs de cadavres,

pour rendre le réel plus ingurgitable,

faudrait qu'ils meurent tout beaux,

sans le sang, sans le sous,

tu sens le son,

le son des clairons,

qui aboient le long des frontières,

et les incendières alignées en rang,

aux pieds des communiants qui exultent,

s'échangent les petites fioles,

se tapent l'épaules en se disant,

"eh, j'suis content de te connaitre enculé

on a fait notre boulot, tu sais ? "

mais l'autre, il n'a jamais fait ça de sa vie,

l'autre, il voulait juste taper chez sa voisine,

juste des fleurs quoi, pour lui souhaiter bon courage,

et puis tu sais, on se fait des idées,

et l'autre il le savait, mais venant d'elle c'est bizarre,

alors l'autre il a compris trop tard,

il est mort l'autre,

trop intelligent pour son propre bien tu vois,

qu'il en est devenu suicidaire, offrir des fleurs sérieux,

qu'il est con,

alors il est mort l'autre,

sans déconner ça me fait chier.

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